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DÉROUTÉ.

père, donna l’autre à Rosenthall, et l’on partit. Rosenthall éperdu, plus dérouté que jamais, et se trouvant en voiture à côté de Léontine, ne put articuler que des monosyllabes durant toute la route. On trouva Melcy à Taverny, et Léontine l’aborda avec son amabilité ordinaire, sans que Rosenthall pût démêler en elle la plus légère nuance de contrainte ou d’embarras. Le bal commença ; Léontine dansoit dans la perfection ; Rosenthall ne l’avoit jamais vu danser : mais elle s’étoit engagée avec Melcy, elle sembloit ne voir que lui ; et Rosenthall entendoit répéter dans toute la salle : Quel couple charmant ! ils sont bien faits l’un pour l’autre !… Après cette première contre-danse, quelqu’un vint prier Léontine ; elle refusa, en disant : Je suis engagée avec M. de Rosenthall. Cela n’étoit pas vrai ; mais Rosenthall ne put se dispenser d’accepter la main qu’elle lui tendoit. Il dansoit bien aussi ; et, malgré son dépit, il dansa de son mieux. Aussi-tôt que l’anglaise fut finie, Rosenthall s’échappa de la salle du bal,