Page:Genlis - Nouveaux contes moraux et nouvelles historiques, tome 3, 1802.pdf/220

Cette page a été validée par deux contributeurs.
216
L’AMANT

voix douce et pénétrante. Ce seul mot eut un effet magique ; jamais Léontine ne l’avoit prononcé sans y joindre la froide épithète de Monsieur. Ce ton de sentiment et de familiarité, toucha, enivra Rosenthall ; il s’arrêta, avec un tel battement de cœur, qu’il fut obligé de s’appuyer contre une table… Rosenthall !… répéta Léontine avec un accent plaintif ; Rosenthall éperdu, courut se précipiter à ses pieds. Léontine, à son tour, devint tremblante, et une sorte d’effroi se peignit dans ses yeux… Que signifie ceci ? dit-elle. — N’est-ce pas ainsi, répondit Rosenthall, que l’on doit recevoir vos ordres ? En prononçant ces paroles avec un trouble inexprimable, il se relève, et tombe sur une chaise. Il y eut un moment de silence. Eh bien ! reprit Léontine, n’avez-vous rien à me dire ? À cette question pressante et dangereuse, Rosenthall réfléchit un moment. Ensuite, poussant un profond soupir : Si vous desirez, dit-il, savoir tout ce que je pense, tout ce que je sens, chargez celui qui possède votre confiance de m’in-