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LE JOURNALISTE.

cœurs purs et sans expérience ne sauroient connoître ou supposer cet alliage bizarre de mauvaises actions et d’inclinations vertueuses ; ils s’indignent, ils méprisent, ils jugent sans appel, ils ont souvent tort. C’étoit comme on se résigne au malheur, que l’ame de Clainville se décidoit au mépris ; il ne s’y déterminoit qu’à la dernière extrémité, et toujours il conservoit quelque espérance ; à moins d’atrocités, son mépris n’étoit jamais absolu : On peut changer, disoit-il, on peut réparer… Douces pensées qui le préservoient des tourmens et des émotions douloureuses du ressentiment et de la haine.

Lorsque Clainville eut fait quelques articles du journal de Mirval, ce dernier fut extrêmement étonné de son talent et de sa manière d’écrire. Il s’attacha véritablement à cet homme, aussi intéressant par sa modestie et sa simplicité que par son esprit, et il le conjura, avec tant d’instances, d’accepter un petit logement dans sa maison, que Clainville y consentit. Mirval vouloit le présenter chez