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L’AMANT

parterre rempli de fleurs qui exhaloient un parfum délicieux ; le jour commençoit à tomber, Léontine s’assit sur un banc, et Rosenthall restant debout, elle le pria d’aller cueillir une tubéreuse ; il obéit, et revint s’asseoir auprès d’elle. Après avoir vanté la douce odeur de la tubéreuse, on retomba dans un profond silence. Enfin, Léontine reprenant la parole : « Vous êtes bien rêveur », dit-elle. Cette remarque assez simple et très juste, fit frissonner Rosenthall : « Moi, rêver près de vous ! reprit-il d’une voix tremblante. — Et pourquoi pas ? — Ah ! je n’oserois… — Je ne m’en fâcherois point. — Je le crois… L’indifférence ne se blesse, ne se formalise de rien. — L’indifférence ! quel est ce langage dont l’amitié pourroit s’offenser ? Mais avouez la vérité : vous vous repentez d’avoir cédé à nos instances ; l’idée de passer encore quinze jours ici vous effraie… — Elle doit, en effet, m’effrayer… oui, voilà le mot que je n’eusse osé dire, c’est vous qui l’avez prononcé. — Ainsi donc, vous convenez franchement que vous brûlez