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DÉROUTÉ.

pour quelle raison ? — Il m’est survenu une affaire importante… — Quelle affaire ? — Ce détail seroit trop long. — Mon cher Rosenthall, j’ai trop d’amitié pour vous, vous m’inspirez trop de confiance, pour n’avoir pas le droit de vous questionner. Ce prompt départ m’inquiète ; que vous est-il donc arrivé ? — Rien de fâcheux ; mais je vous assure, je vous proteste qu’il faut absolument que je parte. — Pourquoi donc ce mystère » ? À ces mots, pour toute réponse, le comte baissa les yeux en soupirant, et Léontine prenant la parole : « Ne voyez-vous pas, Melcy, dit-elle, que tout simplement M. de Rosenthall s’ennuie à la campagne, et qu’il veut aller à Paris ? — Ah ! mademoiselle, reprit vivement Rosenthall, n’ajoutez pas au chagrin trop sensible que j’éprouve… ». Il s’arrêta, croyant qu’il venoit de se trahir ; car ses yeux étoient remplis de pleurs… Il n’osoit ni les relever, ni parler, ne doutant point que Léontine et Melcy n’eussent enfin pénétré son secret « Non, non, dit Melcy, on ne