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LE JOURNALISTE.

que l’on inscrivit sur l’autre ; ensuite, Mirval fut embrassé, remercié, accablé d’éloges, et il ne quitta Célinte que pour aller porter les deux extraits chez l’imprimeur. En montant en voiture, Busseuil lui demanda, en riant s’il croyoit toujours qu’il fût si facile d’écrire un journal avec une parfaite impartialité, quand on est jeune, que l’on est obligé de soutenir un système, de ménager un parti et d’accorder tous les intérêts de société, d’amitié, de reconnoissance, d’amour-propre et d’ambition ? Mirval ne répondit que par un profond soupir ; il ne faisoit pas une action si contraire à son caractère, sans honte et sans remords ; mais ses deux extraits eurent tant de succès parmi les gens de son parti, il en reçut tant de complimens, Célinte et M. de G*** lui montrèrent une reconnoissance si affectueuse, qu’il parvint bientôt à triompher de tous ses scrupules. Rien ne forme, dans ce genre, un jeune journaliste, comme de débuter par une injustice bien complète et bien éclatante ; Mirval se trouva, tout d’un