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DES URSINS.

leroit elle-même, avec soin, à l’exécution de cette promesse. Madame des Ursins ne répondit à cette assurance que par quelques mots remplis de dédain et d’ironie. Lorsqu’elle fut débarrassée de son escorte, elle se mit à écrire au roi ; ce fut pour elle un grand soulagement d’épancher dans une longue lettre le fiel dont son cœur étoit surchargé, et la colère qui la transportait contre la reine et contre l’artificieux Alberoni ; elle peignit des plus noires couleurs ce qu’elle appeloit l’ingratitude de la reine et la perfidie d’Alberoni ; enfin, elle n’omit rien de ce qui pouvoit persuader à Philippe que cette action hardie de la reine étoit un attentat impardonnable contre l’autorité d’un époux et d’un souverain. Après avoir écrit cette lettre, elle la relut et la trouva si forte, si persuasive, si terrible contre la reine et contre Alberoni, qu’elle se crut assurée d’obtenir une prompte réparation et une éclatante vengeance, sur-tout en se rappelant son dernier entretien avec Philippe. Elle fit partir sa lettre par un courrier qui passa sans obs-