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LA PRINCESSE

Ce singulier coup d’autorité de la part d’une jeune princesse qui n’avoit point encore vu le roi son époux, parut à l’orgueil de madame des Ursins, une action si téméraire, qu’elle fut persuadée qu’elle exciteroit dans le cœur du roi le plus implacable ressentiment ; cette idée ranima tout son courage : allons, dit-elle avec un souris dédaigneux, je suis prête à partir, mais je crois qu’on a mal calculé les suites de tout ceci…

On fit monter la princesse des Ursins dans une voiture attelée de six chevaux, escortée de gardes armés. Lorsqu’on fut à la frontière, on y montra l’ordre de la reine, qui défendoit de laisser rentrer madame des Ursins ; et l’on posa cette dernière dans une petite ville, à une lieue par-delà les frontières. On lui laissa les chevaux et la voiture, ce qu’elle accepta. Comme la reine avoit imaginé qu’elle n’auroit peut-être pas d’argent sur elle, on lui offrit une bourse pleine d’or, mais elle la refusa. On l’assura que tous ses biens lui seroient conservés, et même ses pensions, et que la reine veil-