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LE JOURNALISTE.

vrage, vous changeriez d’opinion. En le critiquant avec sévérité, vous obligerez vos amis, vous plairez à un parti puissant qui déteste Delmas… — Mais je trahirai la vérité, et je nuirai, dans ce pays, à un infortuné fugitif… — Et lui-même a renoncé à sa patrie, qu’il abhorre. Il est très-riche et très heureux. — Comment ? — Il est établi et fixé en Angleterre, où il a fait un mariage qui lui assure une fortune beaucoup plus considérable que celle qu’il possédoit en France. Delmas n’étoit qu’un petit gentilhomme de province, qui n’a jamais vécu à Paris, et il a épousé la fille d’un négociant immensément riche ! — Eh bien ! je me tairai ; je brûlerai ces deux extraits : c’est tout ce que je puis faire — Le silence est la neutralité d’un journaliste ; c’est un parti lâche, et par conséquent indigne de vous. D’ailleurs, j’ose vous dire que vous devez à M. de G***, de faire un extrait favorable de son livre… — Je puis du moins, sans manquer à aucun devoir, ne point parler de l’ouvrage de Delmas… — Point du tout,