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LA PRINCESSE

d’après les ordres qu’ils avoient reçus, n’y touchèrent point, et n’eurent pas l’air de soupçonner l’artifice de la ceinture. Ils n’en vouloient qu’au paquet, qu’ils emportèrent avec la montre et les habits du courrier. Ce dernier, resté seul, nu en chemise sur le chemin, se trouva fort heureux de conserver son argent. Sachant qu’Alberoni devoit avoir quitté Parme, il ne songea point à y retourner ; il prit dans une chaumière des habits de paysan, et continua sa route. Le surlendemain du départ du courrier, Alberoni, sous prétexte de saisir une occasion sûre, écrivit à la princesse des Ursins ; il lui mandoit qu’il avoit fait partir son courrier chargé de la dépêche qu’elle attendoit ; que la personne en question avoit écrit la lettre avec transport. Il ajoutoit que cette personne étoit si pénétrée de reconnoissance, qu’il étoit sûr que lorsqu’elle verroit madame des Ursins, elle se jeteroit dans ses bras en fondant en larmes. La princesse des Ursins reçut cette lettre le jour même du retour de son courrier. Elle fut très-