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DES URSINS.

sistoit dans son refus. Il employa tout son esprit à vaincre sa répugnance à cet égard ; il ne lui cacha point que si madame des Ursins ne recevoit pas ce billet, elle perdroit toute sa bonne volonté, et qu’alors elle décideroit Philippe en faveur d’une autre. Elle a donc un bien grand pouvoir sur l’esprit de ce prince ? demanda Élisabeth. — Un pouvoir absolu, répondit Alberoni. — Quel dommage, reprit Élisabeth, qu’un prince distingué par tant d’exploits, qu’un héros se laisse ainsi gouverner par une femme intrigante !… Je sens tout le prix d’une alliance si glorieuse, et c’est, je l’avoue, celle que je préférerois à toute autre. — Eh bien ! madame, dit Alberoni, quelques lignes adressées à madame des Ursins vous assureroient le trône d’Espagne. — Je n’en veux point à ce prix, interrompit Élisabeth ; je ne promettrai point ma confiance et mon amitié à une personne que je méprise ; je n’achèterai point une couronne par une lâcheté : ce mot doit vous suffire.

Alberoni, déconcerté, n’osa plus insis-