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LA PRINCESSE

qu’en les intimidant, c’est-à-dire en les blessant. Des hommages universels, reçus dès l’enfance, produisent des idées de supériorité si étendues, que tout ce qui peut les contrarier, embarrasse ou déplaît. L’esprit ne séduit les princes que lorsqu’on a l’art de le voiler sous l’apparence de la frivolité ou d’une simplicité parfaite.

C’étoit ainsi que la princesse des Ursins, tête-à-tête avec Alberoni, se glorifioit de sa finesse et de sa politique. Elle ignoroit que c’étoit à son maître qu’elle prétendoit donner des leçons.

Alberoni revit Philippe, et reparla de la princesse de Parme avec mesure, sans affectation, mais de la manière qui pouvoit le mieux la faire valoir ; et quand Philippe fut bien disposé, madame des Ursins lui parla plus clairement. Le roi fut charmé de connoître que madame des Ursins eût renoncé à un projet qu’il avoit pénétré, et qu’elle lui épargnât la peine de le combattre. D’ailleurs, il desiroit se remarier ; mais il avoit des vues vagues sur une autre