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LA PRINCESSE

bles ; on les entraîne par l’habitude ; on ne les décide point à une action d’éclat, à moins d’un motif pressant de crainte. La princesse des Ursins eut bien l’idée de rendre Philippe dévot ; mais ce moyen est dangereux pour une favorite. Les scrupules religieux peuvent n’inspirer que le projet d’un grand sacrifice, et ne produire, au lieu d’un mariage, qu’une séparation. Ainsi, elle renonça à cette dernière ressource ; mais elle forma le dessein de marier le roi, de manière à conserver son empire ; de lui choisir une princesse dépourvue de graces et d’esprit, et telle enfin qu’elle ne pût prendre le moindre ascendant sur le cœur de son époux. Alberoni avoit voyagé et résidé deux ans à la cour de Parme ; madame des Ursins le consulta sur son nouveau projet, en ne lui cachant ni ses intentions, ni sa politique. La joie d’Alberoni fut extrême ; mais il la dissimula avec le plus grand soin. Ayant été choisi pour l’un des instituteurs d’Élisabeth Farnèse, princesse de Parme, il avoit reconnu en cette jeune princesse un esprit supérieur