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LA PRINCESSE

le faste des favoris, que la cause des impôts dont il est surchargé. Tout cet éclat factice, loin de satisfaire madame des Ursins, ne fit qu’exalter son ambition : elle tournoit, en soupirant, ses regards vers la France ; elle y voyoit la veuve de Scarron, devenue l’épouse de Louis-le-Grand ; et plus jeune et plus belle que madame de Maintenon, ayant encore l’avantage d’un rang personnel et d’une naissance plus illustre, elle trouvoit toute la supériorité de son côté. Dans cette comparaison, elle oublioit de compter la vertu pour quelque chose ; cependant elle auroit pu se rappeler que les rois et les princes n’épousent point leurs maîtresses, et que l’amour ne les engage à se mésallier que lorsqu’il est fondé sur l’estime. Philippe étoit veuf depuis un an ; la nation desiroit une reine, et la politique la demandoit ; le roi lui-même laissoit entrevoir le projet de se remarier. Madame des Ursins pensa qu’elle n’avoit plus de temps à perdre pour décider Philippe en sa faveur ; mais toutes ses insinuations à cet égard furent inutiles ; le