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LA PRINCESSE

tone, après avoir long-temps vécu dans le tumulte des camps et dans l’agitation des grandes affaires. Toute la pompe des cours n’est qu’une représentation fri­vole, lorsqu’on la compare à la gloire qui environne un roi jeune et vaillant à la tête de ses armées. Ce n’est qu’au milieu des fatigues et des périls de la guerre qu’un souverain a la possibilité de connoître l’empire suprême et surnaturel qu’un seul homme peut avoir sur une multitude d’autres hommes. Dans son palais, il doit souvent soupçonner la flatterie, et même quelquefois méconnoître le zèle sincère et la véritable amitié : mais sous les tentes de ses armées, il n’est entouré que de gens qui se consacrent à lui sans réserve ; ces officiers, ces soldats qui l’environnent ne sont pas des courtisans ; ils ne lui disent point : Je vous sacrifierois ma vie, mais ils l’exposent à toute heure pour lui ; tout marche à sa parole ; où va-t-on avec tant d’ardeur ? à la mort. Par quel intérêt ? pour la gloire d’obéir à celui qui commande. Après avoir joui durant plusieurs années d’un