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LA FEMME

meuil : Eh bien ! dit-elle, je vais connoître si j’ai la vôtre. Je consens à vous dire la vérité ; ce portrait est le vôtre ; mais il faut m’en croire sur ma parole, je ne veux point vous le montrer. C’est mon portrait, reprit Germeuil avec un sourire ironique ; vous avouerez que, dans ce cas, la vérité a peu de vraisemblance. — Mais, quand je l’affirme, vous m’avouerez que le plus léger doute de votre part seroit à la fois un outrage et une absurdité. — Mais pourquoi refuser de me montrer mon portrait ? Je ne vous ai jamais vu de caprice, et celui-ci seroit étrange. — Vous me soupçonnez donc d’artifice ? — Oh ! ce n’est pas un soupçon. — Fort bien. Si ce portrait n’est pas le vôtre, c’est un mensonge que je fais pour cacher une intrigue. Ainsi donc, à la veille de vous épouser, j’aurois un autre amant ? voilà ce que vous pensez ? — Non ; mais je suis certain qu’il y a en ceci un mystère que vous voulez me cacher. — Oui, mais je n’emploie nul artifice, et je vous dis la vérité. — Un mystère avec ce qu’on aime, est un crime. —