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LA FEMME

se pardonne beaucoup moins en amour qu’en amitié. Depuis six semaines, surtout, leurs entretiens finissoient presque toujours ainsi, par des traits piquans et malins, présage presque certain entre les amans, d’une prochaine rupture.

Cependant ces deux personnes, mécontentes, refroidies, aigries, s’aimoient encore assez pour n’avoir jamais eu l’idée de rompre leurs engagemens ; et l’approche du jour qui devoit les unir, sembla ranimer leurs premiers sentimens. Aussi-tôt que l’anniversaire de la mort de madame de Nangis fut passée, Natalie et Germeuil firent part à leurs parens et à leurs amis de leur union projetée, en annonçant qu’ils se marieroient dans quinze jours, et ils partirent aussi-tôt pour aller s’établir dans la maison de campagne de Dorothée, où la noce devoit se faire. Mélanide fut outrée en apprenant cette nouvelle ; elle s’étoit persuadée que Germeuil n’avoit eu pour Natalie qu’un goût passager ; d’ailleurs, Germeuil, en allant chez Mélanide par une vue d’ambition, avoit déployé avec