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AUTEUR.

ration, il est employé de bonne-foi ! L’amant qui, tête-à-tête, commence à parler raisonnablement, bientôt ne sera plus qu’un ami. Cependant Germeuil aimoit encore Natalie, il étoit avec elle comme on est avec les enfans que l’on craint de gâter en les louant en leur présence, mais dont on fait l’éloge avec plaisir quand ils sont absens. Loin de ses yeux, il recevoit sa part des louanges qu’on lui donnoit, et il s’offensoit des critiques. Il prenoit même de l’éloignement pour les femmes qui envioient Natalie (Mélanide étoit de ce nombre) ; il trouvoit une satisfaction secrète à les dévoiler en leur parlant de Natalie avec admiration ; c’est un moyen sûr de démasquer les envieux ; ils n’ont point encore trouvé l’art de dissimuler, dans ce cas, le mal-aise et le dépit qu’ils éprouvent. S’il s’agit d’un ouvrage qui fait du bruit, les uns disent qu’ils ne l’ont point encore lu, ou qu’ils ne l’ont point achevé, et alors, on suspend son jugement : les autres font l’effort pénible d’en louer quelques passages, mais laconiquement et avec les ex-