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AUTEUR.

Natalie ne voyoit dans ces reproches qu’un badinage ingénieux, elle ne s’en alarmoit point, et elle jouissoit sans trouble de l’éclat de sa nouvelle situation. Il y a deux ou trois mois d’enchantement pour un jeune auteur qui débute d’une manière brillante ; le plaisir de relire son ouvrage imprimé, et les journaux qui en rendent un compte favorable ; celui d’en voir paroître les premières traductions, les lettres flatteuses, les jolis vers que l’on reçoit, les éloges de tous les gens que l’on connoît et que l’on rencontre, chacune de ces choses a son prix ; dans cet instant d’enivrement, le cœur a ses jouissances ainsi que l’amour-propre ; on se flatte d’avoir acquis de nouveaux droits pour être aimé ; on pense honorer l’amitié, justifier l’amour ; et si l’on a fait un ouvrage touchant et moral, on croit avoir obtenu l’estime de toutes les femmes sensibles et vertueuses ; on compte sur la bienveillance et même sur la reconnoissance de tous les lecteurs dont le suffrage est desirable. Voilà les charmes et les illusions d’une célébrité naissante : ne les