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AUTEUR.

étoit bon ce conseil ! Natalie ne le suivit point. Vous craignez des chimères, répondit-elle ; voyez donc comme le public est indulgent pour une femme ! comme les journalistes sont galans !… Enfin, j’ai fait le premier pas, c’est toujours le plus difficile ; le sort en est jeté, me voilà auteur pour ma vie. Dorothée soupira ; elle lisoit dans l’avenir !…

Natalie attendoit Germeuil avec la plus vive impatience ; elle pensoit que la gloire qu’elle venoit d’acquérir augmenteroit son amour ; elle se trompoit. Germeuil fut flatté du succès brillant de celle dont il étoit adoré ; il l’admira davantage, mais elle devint pour lui une autre femme, et elle y perdit. Ce n’étoit plus pour Germeuil cette Natalie, à la fois ingénue et piquante, dont les saillies l’amusoient, et dont il aimoit tant le naturel et la gaîté ; elle n’avoit point changé ; elle étoit toujours la même, mais il ne la voyoit plus avec les mêmes yeux. Il lui supposoit un orgueil qu’elle n’eut jamais. Sa douceur et sa simplicité ne lui paroissoient plus que de la condescendance ; il lui sembloit