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AUTEUR.

« Je vous laisse ce qu’il m’est défendu de regretter, et ce que je ne pouvois céder sans douleur qu’à la généreuse Natalie ! Ne me plaignez point ; j’ai tant souffert, que le moment où je suis n’est pour moi qu’une heureuse délivrance ! J’ai si passionnément aimé celui dont je n’ai pu conserver le cœur, du moins sans partage !… Puisse un sentiment légitime le fixer !… Puissiez-vous être heureuse !… C’est le dernier vœu de la plus tendre reconnoissance, il doit être exaucé !… »

Natalie arrosa de larmes ce billet ; elle regardoit tristement le portrait et les cheveux autour desquels ces mots étoient écrits : Amour et constance. Grand Dieu ! dit-elle, voilà ce qu’il a pensé ! voilà ce qu’il a donné !… Et, quelques mois après, il n’aimoit plus cette femme si belle, si touchante ?… Cette pensée terrible fit une profonde impression sur Natalie ; mais elle avoit laissé fortifier sa passion, elle pouvoit en prévenir, ou du moins en craindre les dangers ; il n’étoit plus en son pouvoir de la modérer. Elle crut de-