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LA FEMME

dans tous les instans du jour ; elle avoit plus de constance et d’énergie dans le caractère ; d’ailleurs, vivant dans une profonde solitude, rien ne pouvoit la distraire de ses sentimens. À peine eut-elle quitté Paris, que Germeuil vint s’offrir à son imagination, sous les traits les plus touchans ; elle le vit désespéré ; elle cessa de le condamner, elle le plaignit du fond de l’ame ; elle se répéta que, malgré son penchant pour elle, il n’avoit jamais balancé entr’elle et madame de Nangis ; elle lui fit un mérite de ne lui avoir jamais parlé clairement de sa passion ; comme si, lorsqu’on s’entend si bien sans s’expliquer, les déclarations formelles étoient nécessaires ; comme si l’expression des regards, les sons altérés de la voix, les mots ingénus qui échappent, et dont on confirme le sens en feignant de les rétracter, n’étoient pas, dans tous les temps, le vrai langage de l’amour !…

Natalie fit avec succès, en Provence, l’essai d’un genre de vie si nouveau pour elle, car elle n’avoit jamais vécu dans une retraite absolue. Les personnes ac-