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AUTEUR.

cette dernière avoit des vues sur Germeuil. Natalie prit M. de Nangis pour confident de son prétendu dépit ; et lorsqu’on servit le souper, elle ordonna tout bas à Germeuil de se mettre à table à côté de Mélanide. Natalie se plaça entre monsieur et madame de Nangis, et pendant tout le souper, elle entretint le comte dans l’idée qu’elle étoit outrée contre Germeuil : le comte trouva sa colère déraisonnable, mais il la crut sincère, et c’étoit tout ce qu’elle vouloit. Natalie se retira aussi-tôt que le souper fut fini : en quittant madame de Nangis, elle l’embrassa avec ce doux sentiment de tendresse que l’on éprouve pour l’objet auquel on vient de faire un sacrifice. Rentrée chez elle, Natalie écrivit à Germeuil ; son billet étoit froid, laconique, nulle expression n’y déceloit l’amour. La pitié, l’enthousiasme que lui inspiroient la confiance et la reconnoissance de madame de Nangis, étouffoient en elle tout autre sentiment. Elle auroit cru faire une trahison dans ce moment, en montrant à Germeuil de la sensibilité,