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AUTEUR.

à l’une des portes qui donnoient dans le corridor. Germeuil et Natalie y entrèrent ; au moment même, M. de Nangis s’y précipita, en s’élançant vers Natalie qui, sur-le-champ, ôtant son masque, et se tournant vers lui : Connoissez enfin votre erreur, lui dit-elle, en lui montrant Germeuil ; c’est moi qui le cherche en secret, c’est lui qui m’attire, c’est lui que j’aime. Avec quelle joie, avec quel ravissement, Natalie fit cette déclaration singulière qui soulageoit son cœur, qui prévenoit un duel, et qui sauvoit sa rivale ! Jamais l’amour, pour se montrer, n’eut un plus beau prétexte ; Germeuil saisit une des mains de Natalie, et la baigne de larmes. Le comte enchanté se confond en excuses, et ensuite rentre dans le bal. Alors Natalie, tremblante, étonnée de ce qu’elle venoit de faire, remet son masque, en disant : Il falloit sauver une femme intéressante… Oh ! ne me parlez plus ! s’écria Germeuil, que cette voix enchanteresse ne détruise point l’illusion des paroles enivrantes qui sont pour jamais gravées au fond de mon ame.