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sur la terrasse du château de Villers-Cotterets. Je remarquai qu’une lettre, qui lui annonçoit qu’elle reviendroit sous trois semaines, le réchauffa beaucoup pour elle : il reprit sa passion, de peur d’être boudé ; il me promit de m’écrire, et il me tint parole.

En quittant Villers-Cotterets nous n’allâmes point à Sillery. Madame de Puisieux vouloit me faire connoître le Vaudreuil, la plus belle terre de la Normandie, ou, pour mieux dire, elle vouloit me montrer, dans ce château où l’on aimoit les talens et les fêtes, et dont je ne connoissois pas la société, parce qu’elle n’étoit pas la sienne, du moins habituellement.

Nous ne devions rester que huit jours au Vaudreuil, nous y restâmes cinq semaines, et les plus agréables que j’aie passées de ma vie. Le maître du château étoit le président Portal, un vieillard plein d’esprit, de gaieté et de bonté. Nous trouvâmes là très-bonne compagnie, et très-disposée à s’amuser, entre autres une femme d’une beauté jadis très-célèbre, parente du président. Elle avoit alors cinquante ans ; elle avoit épousé en premières noces M. Amelot, ministre des affaires étrangères ; devenue veuve, elle jura de conserver sa liberté, et la garda