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en parlant de M. le duc d’Orléans, cet homme léger ; je ne pus m’empêcher de rire de cette expression, si impropre au moral ainsi qu’au physique. M. le duc d’Orléans s’amusoit d’une intrigue, et ne la dénouoit jamais le premier. Tant qu’on restoit auprès de lui et qu’on l’écoutoit, il ne se détachoit point ; il étoit en amour comme un bon soldat qui demeure fidèlement à son poste, et qui ne le quitte que lorsqu’on lui donne son congé ; mais quand il n’y avoit plus de poste, il oublioit facilement, et changeoit de service sans regret et sans chagrin. Jamais, dans toute sa vie, il n’a été véritablement amoureux. Si, dans le moment dont je parle, une femme un peu aimable eût voulu prendre la place vacante par l’absence, rien au monde n’eût été plus facile. J’écrivis à ma tante pour lui dire qu’elle étoit toujours adorée, et en même temps pour l’exhorter à ne pas prolonger son absence. Elle suivit ce conseil.

Je reçus pendant plus d’un mois, avec assiduité, les visites de M. le duc d’Orléans. Durant ce temps, il y eut à la cour une fête, un grand bal masqué, je ne me rappelle plus à quelle occasion. M. le duc d’Orléans me demanda d’engager madame de Puisieux à m’y