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près tous les deux ou trois jours ; il en vint au point de confiance de me conter ses fâcheuses aventures avec la feue duchesse d’Orléans. Il l’avoit épousée par amour, il se maria à dix-neuf ans, elle l’aima aussi avec une passion véhémente qui dura sans nuages jusqu’à la naissance de son fils ; cet événement l’accrut encore pendant quelque temps. Elle montroit même avec si peu de retenue cet amour impétueux, que la duchesse de Tollard disoit : « Qu’elle avoit trouvé le moyen de rendre le mariage indécent. » Jusque-là, madame la duchesse d’Orléans avoit été l’épouse la plus passionnée et la plus irréprochable ; mais, tout à coup, elle demanda à M. le duc d’Orléans de lui confier toutes les lettres qu’elle lui avoit écrites, et toutes également tendres. Elle vouloit, disoit-elle, avoir le plaisir de les relire avec les réponses qu’elle conservoit précieusement. M. le duc d’Orléans les lui remit, en lui recommandant d’en avoir bien soin, et de les lui rendre promptement ; mais elle ne les redemandoit que pour les anéantir, son cœur étoit changé, et elle vouloit détruire les témoignages d’un sentiment qu’elle n’avoit plus. Il y a dans cette inconstance rétrograde