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tendis ce que cela vouloit dire, et je me promis, suivant l’intention de ma tante, de conter ce détail à M. le duc d’Orléans, car elle m’avoit permis de lui dépeindre naïvement l’état de son cœur. Je désirois que tout cela réussît, d’abord parce qu’il m’étoit prouvé que ma tante le souhaitoit passionnément, ensuite parce que je n’étois pas indifférente au plaisir d’avoir une tante mariée à un prince du sang, et enfin, j’étois assez fière de me trouver en quelque sorte négociatrice de cette grande affaire, du moins pendant le voyage de Barège.

Je retournai avec une joie extrême dans ma maison du cul-de-sac Saint -Dominique ; j’y retrouvois ma charmante Caroline que j’avois, pendant mon absence, confiée à ma mère.

M. le duc d’Orléans vint me voir le lendemain du départ de ma tante. J’étois assez à mon aise avec lui, parce que je l’avois vu sans cesse chez ma tante, mais il ne m’avoit jamais entendue causer, et, ne me connoissant que sur le rapport de ma tante, il me regardoit comme une jeune personne naïve, agréable et spirituelle, mais incapable d’observer et de faire une réflexion. De mon côté, l’idée de ces tête-à tête m’embarrassoit un peu ; je ne savois pas