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cher, l’illusion d’une main de squelette. Tout le monde en essaya l’effet, et l’on convint que dans l’appartement d’un mort, et avec la peur des revenans, cette branche repoussante équivaloit à la plus terrible apparition.

Ma tante partit pour Barège, en me disant que M. le duc d’Orléans iroit beaucoup me voir jusqu’au moment où madame de Puisieux m’emmèneroit à Sillery ; elle ajouta qu’à l’âge qu’avoit M. le duc d’Orléans, et avec l’attachement qu’on lui connoissoit pour elle, je pouvois le recevoir sans inconvénient ; il n’étoit jamais venu chez moi qu’une fois à ma dernière couche ; ce fut avec le prince son fils. Ma tante me recommanda expressément de lui parler beaucoup d’elle, et de lui rendre compte de nos entretiens dans nos lettres. Elle me répéta qu’elle désiroit qu’il se guérit promptement de sa passion, si elle n’étoit pas telle qu’il lui en avoit donné l’idée, parce qu’il étoit affreux de s’affliger aussi vivement qu’elle le faisoit sur des peines qui, peut-être, étoient imaginaires. Je lui demandai quel parti elle prendroit si cette passion étoit indomptable. « Ah ! dit-elle, qui peut le prévoir ?… » Je sais seulement que ma destinée sera bouleversée. J’en-