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ribond, chaque mouvement que j’entendois me faisoit tressaillir ; je passois de temps en temps la main sur le visage de ma tante en lui demandant si elle dormoit, ce qui l’impatientoit beaucoup. Enfin, à minuit trois quarts, j’entends un grand bruit dans la maison, la porte de la chambre s’ouvre, et nous voyons paroître M. de Genlis, qui sans aucune préparation déclare à ma tante qu’elle est veuve. En même temps il lui annonce que les héritiers, sachant, dès le matin, que M. de Montesson ne passeroit pas la nuit, avoient aposté tout près de la maison des gens de loi qui, avertis sur-le-champ par le Suisse, alloient venir pour mettre les scellés partout, qu’ils étoient déjà chez le défunt. M. de Genlis invita ma tante à se lever sans délai, il me dit de rester au lit, que cette formalité ne seroit pas longue ; ma tante se lève à la hâte, passe une robe, et moi je reste dans le lit en entr’ouvrant le rideau afin de voir tout ce qui se passe. Le commissaire en grande robe noire arrive avec deux ou trois hommes, il met les scellés dans la chambre ; au moment où cela finissoit, ma tante et M. de Genlis passent dans un salon voisin, ce qui commence à me causer un peu