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tablement placée dans le ciel ; c’étoit la sœur de M. de Montesson. Elle avoit alors soixante-douze ans ; elle avoit dû avoir une jolie figure, elle étoit bien faite encore, ses traits étoient délicats, et elle avoit une blancheur d’une pureté étonnante à cet âge. Elle n’avoit jamais voulu se marier ; par une vocation sublime elle avoit, dès l’âge de douze ans, consacré tout ce qu’elle possédoit aux pauvres ; quand elle fut maîtresse de sa fortune, elle se trouva trente-six mille francs de rentes ; elle se réserva douze cents francs par an, et donna constamment le reste. Elle avoit pour logement deux chambres, et au troisième étage ; et, pour tout domestique, une servante : elle ne sortoit que pour aller à l’église, visiter des infortunés, des prisonniers et des malades. Elle alloit communément à pied, et, quand il pleuvoit, en chaise à porteurs de louage. Comme elle ne faisoit jamais de visites de société, je ne la connoissois que de réputation ; ma tante m’en avoit parlé mille fois avec la plus grande vénération. Pendant les huit jours de la maladie de son frère, elle passa toutes ses journées avec nous ; je ne me lassois point de la contempler. Elle étoit aimable, et je trouvois