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Parle-t-on dans le ciel ? Je ne l’imagine pas. Là, tout est infini, nul sentiment n’a de nuances ; les louanges de l’Éternel n’y sont qu’un accord véritablement parfait de la divine et suprême harmonie ; celui de la musique terrestre est composé de trois sons, donnés par la nature (tout son sonore les produit à la fois) ; celui des cieux est formé par trois sentimens, qui de même se réunissent, se confondent, et, comme la Trinité, n’en font qu’un seul, l’amour, la reconnoissance et l’admiration, portés à un degré d’exaltation dont notre plus ardent enthousiasme ne sauroit donner l’idée. Voilà le concert céleste, il dit tout. Voilà le langage immortel des anges et des élus ; c’est le point du bonheur pour toute l’éternité ! Me voici bien loin de la terre ; j’écris ces mémoires rapidement sans aucune étude, et comme mes idées se présentent à mon imagination ; il ne faut pas oublier, quand on les lira, que ce n’est point un ouvrage littéraire.

Ma grand’mère mourut à la fin de l’hiver ; non-seulement elle ne me laissa pas dans son testament la plus légère marque de souvenir, mais elle emporta au tombeau la légitime de ma mère !… M. de Montesson mourut très--