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dame de Cambis, sœur du prince de Chimay et de madame de Caraman ; elle avoit trente-quatre ou trente-cinq ans, et tous les genres de prétentions ; elle étoit fort marquée de la petite vérole, ses traits étoient communs, sa taille assez belle ; elle avoit l’air le plus dédaigneux et le plus impertinent qu’on ait jamais osé porter dans le monde. Ses amis prétendoient qu’elle avoit beaucoup d’esprit, et le talent de dire des mots ingénieux. En voici un : quelqu’un louant devant elle ma gaieté, elle reprit : Oui, une gaieté de jolies dents. Voulant dire que je ne riois que pour faire voir mes dents, ce qui étoit fort injuste ; car je n’ai jamais eu la moindre affectation, et celle-là est une des plus déplaisantes que l’on puisse avoir. Madame de Cambis faisoit, dit-on, de fort jolis vers ; je n’ai connu d’elle en ce genre qu’un couplet de chanson fort méchant, mal rimé, mal tourné, et sans aucun sel, qu’elle avoit fait sur ma tante et sur le duc de Guînes.

Je fis connoissance avec une femme très-remarquable par son esprit et son charmant naturel, madame la comtesse de La Marek, sœur du duc de Noailles ; elle étoit déjà âgée et