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dépendamment de tout principe, la médisance gâte toujours le ton d’une femme. Ce mot mérite d’être retenu. Je dois encore à ma tante un très-bon principe de conduite, et je veux le rapporter ici. Peu de temps après mon début dans le monde, à propos de mes petites confidences, elle me dit qu’une femme voulant ôter toute espérance à un homme amoureux d’elle, ne devoit jamais lui écrire ; que, dans ce cas, la lettre même la plus rigoureuse, est toujours une fausse démarche, et souvent une imprudence. Elle disoit là-dessus des choses délicates, très-justes et très-sensées. Voilà les seuls conseils que j’aie reçus d’elle, elle auroit dû m’en donner d’autres plus utiles, je les aurois suivis ! Elle ne l’a pas fait !…

Pour ne pas me faire meilleure que je ne suis, je dois convenir que j’ai souvent été moqueuse, mais je n’ai jamais tourné en ridicule que l’arrogance, la fatuité et la pédanterie. Je n’ai de ma vie eu la tentation de me moquer de l’ignorance et de la gaucherie, au contraire, quand je les ai vues dans les autres, j’en ai toujours souffert. J’allai, durant cet hiver, plusieurs fois avec