Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/52

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’être constamment moqueuse et médisante sans méchanceté, du moins on est alors dépourvue de toute réflexion et de toute bonté. Madame d’Husson étoit agréable et spirituelle, elle préféra un odieux moyen de plaire, ou, pour mieux dire, d’amuser, et elle en pouvoit choisir d’estimables ; qu’en a-t-il résulté ? Avec une conduite personnelle véritablement parfaite, de la beauté, des agrémens, une bonne maison, madame d’Husson n’a point été estimée, elle s’est fait beaucoup d’ennemis, et elle a vieilli dans l’oubli, sans avoir jamais été aimée.

Pour moi je n’ai jamais eu à me reprocher d’avoir répété, ni dit un mot qui pût attaquer la réputation des gens mêmes que j’estimois le moins, ni d’avoir colporté comme tant d’autres, des épigrammes et des couplets satiriques ; j’ai toujours dans le monde montré le mépris de toutes ces choses, et une grande incrédulité sur les histoires scandaleuses. Ma tante m’a toujours donné ce bon exemple, elle a même contribué à fortifier mon aversion pour la conduite opposée. Elle n’étoit nullement médisante, elle me disoit (et c’étoit penser avec beaucoup d’esprit et de sagesse) qu’in-