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de Mazarin. En effet, elle étoit fraîche et très-belle, et ne plaisoit à personne. Elle avoit des diamans superbes ; quand elle les portoit, on disoit qu’elle ressembloit à un lustre. Ses soupers étoient les meilleurs de Paris ; on s’en moquoit, parce que les mets y étoient un peu déguisés. Elle étoit obligeante et polie, on prétendoit qu’elle étoit méchante. Elle ne manquoit pas d’esprit, on citoit d’elle beaucoup de bons mots ; et sans cesse elle faisoit et disoit les choses du monde les plus déplacées. Son faste étoit extrême, et elle avoit la réputation d’être avare ; elle donnoit les fêtes les plus magnifiques, et il s’y passoit toujours quelque chose de ridicule ; enfin, un succès pour elle étoit une chose impossible. Un jour, dans le cours de l’hiver, elle conçut l’idée de donner, dans sa superbe maison de Paris, une fête champêtre. Elle rassemble un monde énorme dans son salon nouvellement décoré et rempli de glaces, dont la plupart, placées dans des espèces de niches, occupoient tout le lambris jusqu’au parquet. À l’extrémité de ce salon étoit un cabinet qu’on avoit rempli de feuillage et de fleurs, et, en ouvrant une porte, on devoit voir à travers un transpa-