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dames de la société ; je ne fis aucune démarche pour m’y trouver. Je n’ai jamais aimé ces lectures, surtout des ouvrages très-prônés, parce que j’y étois embarrassée de mon maintien ; je suis peu démonstrative, et il falloit l’être à l’excès dans ces occasions, pour ne pas avoir l’air d’une imbécile. Madame d’Hénin, et beaucoup d’autres, en citoient des vers avec admiration, entre autres celui-ci, sur la clôture, lorsqu’on vient de prononcer ses vœux :


« La tombe se referme et l’on y meurt long-temps. »


Je trouvois ce vers mauvais, par la raison même qui le faisoit admirer. On n’a jamais dit que l’on meurt long-temps ; et l’on prenoit une fausse expression pour une idée neuve. Combien d’auteurs depuis n’ont dû leurs succès qu’à cette méprise ! On dit une longue ago-

    plus d’élévation dans la pensée, plus d’énergie dans les sentimens, plus de force et de véhémence dans le style ; mais la versification douce, harmonieuse, a un charme qui plaît et qui dut séduire des auditeurs déjà prévenus d’avance par les applaudissemens des personnes qui dispensoient la gloire et faisoient les renommées contemporaines.

    (Note de l’éditeur.)