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Vers le milieu de l’hiver le comte de Guînes partit pour son ambassade de Berlin. Ma tante continuoit à être malade de chagrin ; elle désoloit M. le duc d’Orléans, devenu son confident intime ; elle mit le comble à son inquiétude, en déclarant qu’elle iroit à Barège sur la fin du mois de mars ; M. de Montesson se mouroit, tout annonçoit déjà un dénoûment heureux.

M. de La Harpe[1] faisoit des lectures de Mélanie, qui charmoient toutes les jeunes

  1. L’engouement pour Mélanie fut extrême tout le temps que La Harpe se borna à en faire des lectures dans les salons de Paris ; aussitôt que la pièce fut imprimée, la critique succéda aux éloges et alla plus loin peut-être. Le genre faux, le tragique bâtard étoit alors à la mode, mais les gens de goût bâilloient déjà

    Aux vains efforts d’un auteur amphibie,
    Qui défigure et qui brave à la fois,
    Dans son jargon, Melpomène et Thalie.


    Si, ce qui seroit plus conforme à la morale et vaudroit mieux que de s’empoisonner, Mélanie, au lieu de dire oui, disoit non ; si le curé, qui ne remplit qu’une partie de ses devoirs, les accomplissoit tous, et blâmoit fortement, hautement, une violence que la religion désapprouve, il n’y auroit point de pièce. On désireroit