Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/120

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

genre. Un incident, aussi extraordinaire que funeste, troubla beaucoup la fin de ce voyage.

Un matin, en revenant à midi de ma promenade à cheval avec M. de Puisieux, je passai dans la salle à manger, où il y avoit toujours à cette heure deux grands baquets préparés pour le dîner, l’un contenant une cruche d’eau à la glace, l’autre une cruche d’eau sans glace, que l’on appeloit l’eau de M. de Puisieux, parce qu’il ne buvoit que de celle-là ; ce n’étoit pas la mienne, mais j’avois soif et très-chaud, et par prudence je ne voulus pas boire à la glace ; je bus donc de l’eau de M. de Puisieux, mêlée avec moitié vin, et je rentrai dans ma chambre. À peine y fus-je que je me trouvai mal, et je ne fus soulagée que par un grand vomissement. Cela fait, je ne sentis plus rien, je m’habillai, je n’y pensai plus, et je n’en parlai même pas en allant dîner. Je ne bus à table que de l’eau à la glace. M. de Puisieux, se sentant un peu incommodé, voulut faire diète ce jour-là ; il ne prit que de la tisane faite à la cuisine ; il resta dans le salon avec madame de Puisieux qui ne dînoit jamais. Au milieu du dîner, le vieil abbé de Saint-Pouen, parent de madame de Puisieux, sortit de ta-