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monde. J’étois heureuse et touchée de la bonté qu’on avoit pour moi ; je n’en étois point vaine. J’avois une parfaite égalité d’humeur, et cette complaisance naturelle qui ne permet jamais aux autres de soupçonner qu’on puisse avoir l’impertinent désir de dominer. Dans tout ce que j’imaginois pour nous divertir, j’avois toujours l’attention, pour que cela plût à tout le monde, d’aller me concerter avec mesdames de Louvois, de Sailly, de Saint-Chamand, et ma belle-sœur, de mêler leurs idées avec les miennes, et ensuite de leur en faire honneur ; et ce fut ainsi que je fus aimée. Par la suite, dans une autre situation, je portai le même caractère, mais je n’eus pas le même bonheur !…

Je composai dans ce voyage beaucoup de petites choses de société, et une chanson en pot-pouri, sur toutes sortes d’airs vulgaires, en dix-huit couplets. J’en fis huit, et M. de Genlis fit les autres. Nous la chantions ensemble, chaque couplet alternativement. Je continuai avec ardeur mes études d’histoire et de littérature, et je fis une grande quantité d’extraits. Je trouvois un plaisir inexprimable à augmenter ma collection en ce