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porté les Révolutions de Suède de l’abbé de Vertot ; le président avoit des livres, je lus en outre, la Conjuration de Bedmar contre Venise, et je relus les Pensées du comte Oxenstiern, que j’avois déjà lues[1]. Nos adieux en partant du Vaudreuil furent bien tendres ; on se promit de se retrouver à Paris, de devenir inséparables, et puis, dans ce chaos du grand monde, chacun fut emporté de son côté, et l’on ne se revit plus.

  1. Petit-neveu de ce grand Axel Oxenstiern, grand chancelier de Suède, qui joua un si beau rôle sous le règne de Gustave-Adolphe, et depuis la mort de ce héros tué à la bataille de Lutzen, en 1632. Le ministère du chancelier Oxenstiern fut plus long, plus doux et plus éclatant que ne le fut en France celui du cardinal de Richelieu, son contemporain ; mais les réputations brillantes tiennent plus aux théâtres qu’aux talens et aux actions ; elles tiennent même beaucoup aux climats. Dans les pays trop froids pour attirer les voyageurs, il est plus difficile d’acquérir une grande renommée. Les voix manquent pour l’étendre, on ne connoît que superficiellement les hommes de mérite suédois, danois, russes. Les détails qui ajoutent tant d’intérêt à la célébrité, sont perdus à de certaines distances ; enfin, un seul voyageur menteur et mécontent suffit pour ternir dans le Midi la réputation d’un grand homme du Nord.
    (Note de l’auteur.)