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nâmes au Vaudreuil, où l’on nous préparoit des fêtes charmantes.

Le lendemain de notre retour, après le dîner, le président reçut une lettre dans le salon, qu’il nous lut tout haut, et qui l’avertissoit que des corsaires qui nous avoient vues sur la mer, madame de Mérode et moi, avoient formé le dessein de nous enlever pour nous mener dans le sérail du grand-seigneur. Nous ne fûmes pas très-effrayées de cette aventure ; cependant nous demandâmes au président comment nous pourrions nous garantir d’un si grand péril ; il nous répondit qu’il ne voyoit d’autre moyen que de nous faire recevoir vestales dans le temple du petit bois. C’étoit une charmante fabrique en forme de temple, placée dans une partie du jardin près du château. Ce temple, qu’on appeloit le couvent, étoit au milieu d’un parterre, et entouré de murs, et fermé ; c’étoit le petit jardin particulier du président, qui avoit grand soin de le fermer à clef ; on n’y entroit qu’avec lui ; il nous y avoit donné à déjeuner plusieurs fois. Il fut donc décidé qu’on nous recevroit le lendemain à huit heures du soir dans le temple de Vesta. M. de Caraman nous y conduisit, et il dispa-