Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/103

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sera-t-elle ?… » Son ton sembloit annoncer de l’inquiétude sur mon bonheur : hélas ! c’étoit un pressentiment !…

Nous rejouâmes trois fois notre petit spectacle, avec seulement un jour de repos entre chaque représentation ; on venoit nous voir jouer non-seulement de Pont-de-l’Arche, mais de Rouen, l’affluence fut étonnante aux deux dernières représentations. Au bout de ce temps nous exécutâmes un projet, dont la seule idée me transportoit, c’étoit d’aller à Dieppe voir la mer que je n’avois jamais vue. Il ne s’agissoit que de décider madame de Puisieux à nous y mener, car elle ne m’y auroit pas laissée aller sans elle. Je dis un matin à madame de Mérode et à M. de Caraman que je tenterois cette négociation dans la journée. Ils crurent que ce seroit en particulier, et à leur grand étonnement ce fut dans le salon aussitôt après le dîner en présence de tout le monde. Je m’approchai de madame de Puisieux, et je lui dis tout haut qu’elle prit garde à elle, parce que j’avois le dessein d’employer, pour la séduire, toute la finesse que je pouvois avoir avec elle ; elle se mit à rire, et répondit avec sa grâce accoutumée ; alors je lui dis que j’avois un dé-