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sette, la mienne étoit à Sillery avec mes malles. Mais je dis à nos acteurs, que je ferois la comédie des Trois Sultanes, sur le même fond, avec une intrigue toute différente. Je la fis effectivement, en trois actes, en prose, avec des couplets, et en six ou sept jours. Nous l’apprenions à mesure que je l’écrivois. Elle étoit tout-à-fait différente de celle de Favart : je ne pense pas qu’elle fût bonne, mais je crois que le dialogue en étoit joli, et qu’il y avoit du mouvement et de l’intérêt dans l’intrigue, ce qui manque entièrement dans celle de Favart. Je m’y donnai un rôle très-brillant, dans lequel je chantois, je dansois, je jouois du clavecin, de la harpe, de la guitare, de la musette, du tympanon, et de la vielle ; nous avions eu ces deux derniers instrumens de Rouen, il n’y manquoit que mon par-dessus de viole ; mais depuis trois ans je n’en jouois plus, et ma mandoline auroit eu peu de succès après ma guitare, dont je jouois beaucoup mieux. M. de Nédonchel, qui arriva de Paris, prit un rôle, madame de Mérode joua à merveille celui d’une Espagnole qui avoit une intrigue avec un jeune François, joué par M. Caraman. Un