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il les attendoit depuis plus d’un siècle et demi. J’étois enchantée de mon rôle, parce que j’avois une perruque et une barbe blanche. Madame de Mérode et M. de Caraman faisoient les deux amans. Ma pièce finissoit heureusement, les amans vivoient pour servir de modèles à tous les amans des races futures ; la perfection de leur amour mutuel désenchantoit le vieux solitaire de la montagne. Ma pièce étoit remplie d’allusions agréables pour le maître de la maison, et pour toutes les personnes de la société. On pense bien que rien ne manqua à son succès, et que l’auteur fut demandé à grands cris ; on nous redemanda d’autres représentations, mais madame de Puisieux, trouvant le spectacle trop court, m’ordonna de l’allonger. On désira par acclamation me voir jouer Roxelane dans les Trois Sultanes ; car dans ma jeunesse on m’a tant comparée à Roxelane, que j’étois aussi ennuyée de cette espèce de compliment, que de m’entendre répéter que je jouois sûrement mieux. de la harpe que le roi David. Nous n’avions pas la comédie des Trois Sultanes, M. de Caraman envoya un courrier à Paris pour chercher plusieurs choses, entre autres une mu-