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sociale. Et malgré les chagrins et les douleurs qu’il eut à supporter, on peut espérer qu’il eut aux heures enchantées du travail, la joie pure de l’oubli, qu’il connut la sérénité et le bonheur exprimés par son œuvre de vérité et de lumière.

Il termina, dans sa cinquante-neuvième année, après la torture d’une maladie cruelle de plusieurs mois, une existence vouée opiniâtrement à l’art et au travail. Ceux qui avaient connu l’homme, qui avaient aimé son grand talent, apprirent cette fin de Sisley avec émotion. L’artiste avait éprouvé, en même temps que ses amis du groupe impressionniste, les difficultés de la vie, et l’on peut dire de lui que s’il a connu un commencement de triomphe de sa cause, il a succombé néanmoins en pleine bataille, car il n’a guère profité de la vogue qui semblait s’annoncer pour ses tableaux, goûtés et recherchés seulement, pendant de longues années, par un petit nombre.

On pouvait prévoir que la gloire viendrait à ces œuvres fortes et charmantes. Nous avons l’intuition, pour certains noms et certaines œuvres, qu’un classement logique se fait sous nos yeux et que rien ne saurait empêcher cette conquête de l’opinion, cette première annonce du jugement équitable de la postérité. Il en est ainsi pour Sisley. Toute

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