Page:Geffroy – Hermine Gilquin, 1907.djvu/50

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans le piège que la nécessité venait de lui tendre. Elle crut accomplir un acte ordinaire et accepter un avenir monotone alors qu’elle venait de jouer son sort et de s’offrir en victime au destin.

Le ménage ne fut pas longtemps à se dissoudre. Il ne pouvait en être autrement. Les deux êtres qui venaient d’associer leur vie, l’un par calcul, l’autre par lassitude, n’avaient aucune espèce de ressemblance, ni physique, ni morale.

De premier aspect, François Jarry n’était pas laid : il avait la face jeune, les traits réguliers, le nez et le menton bien dessinés, des moustaches de soldat qui se retroussaient sur une bouche souriante, des yeux gais et gentils. Mais cette tête de jeune homme surmontait un corps terrible. Le col, les épaules, les bras, le torse, les jambes, les mains, les pieds, prirent chaque jour davantage un aspect plus monstrueux. Cet être petit, trapu, d’une force extrême, avait,