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sa mort prochaine, et elle s’en réjouit. C’était maintenant le seul bonheur qu’elle pouvait attendre du sort. Elle se traîna vers l’ouverture du grenier, contempla encore une fois la maison où elle était née, essaya de sourire à Pyrame. Puis, ses regards errèrent autour d’elle. Ces amoncellements de fourrage, c’était tout ce qu’elle voyait au dernier moment de la vie nourricière de la terre, cette terre qu’elle avait adorée comme une divinité. Elle entendit le mugissement des bœufs dans l’étable, le hennissement d’un cheval, puis la nuit venue, l’aboi perdu d’un chien, au loin, dans la campagne. Le ciel était bleu et pur, criblé d’étoiles. Subitement la lune monta dans le silence, emplit le grenier de sa clarté d’argent.

Hermine vit distinctement l’endroit où elle allait s’évanouir à jamais. Elle regarda la poulie, et ses yeux se voilèrent encore une fois de larmes. Les murs blanchis à la chaux étaient couleur de suaire. Elle aper-