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gardaient au loin, prononçaient des discours que personne n’écoutait.

Parfois, tout ce monde s’arrêtait de chercher, de picorer, d’avaler, de se battre, de crier, et tous les becs et tous les yeux se tournaient vers les nuages. C’est qu’un grand bruit d’ailes avait traversé l’espace, qu’une cohorte d’oiseaux migrateurs s’avançait en triangle, pattes repliées, ailes étendues, jetant sa clameur dans le vent. Ou bien, quelque bête de proie, quelque épervier suspendu, immobile, tout en haut du ciel, paraissait choisir, parmi les hôtes de la basse-cour inquiète, la victime sur laquelle il allait se laisser tomber. Ou encore, un oiseau de mer, blanc et gris, goéland ou mouette, égaré par les terres, planait et tournoyait, les ailes obliques, à croire qu’il cherchait une issue, puis tout à coup s’enfuyait vers le large.

Il y avait, à la ferme des Gilquin, bien d’autres formes de la vie animale, les bêtes