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pas comme de grossières mangeailles, dans une atmosphère de haine, parmi les propos d’une domesticité rampante devant un maître.

Hermine évoquait l’ancien maître : son père, présidant, lui aussi, deux fois par jour, les repas de ses serviteurs. Il était là, Hermine le revoyait à travers la brume du temps, il se tenait avec simplicité au milieu de tous, tranquille, souriant, la face rasée, sauf de petits favoris gris régulièrement dessinés sur ses joues, des boucles d’or aux oreilles. Il servait la soupe, découpait la viande, donnait à chacun sa part, avait l’œil à tout, ne laissait manquer de rien les nouveaux venus et les timides. Aucune gêne, d’ailleurs, en sa présence. Pierre Gilquin était un homme juste, chez lequel s’était formée d’elle-même l’idée de partager son bien-être avec ceux qui le produisaient. Le père d’Hermine était paternel avec tous.